LE VILLAGE DE CAUTERETS
SALUT A MON VILLAGE! Jean Baptiste Elizanburu , 1862
Je vois au loin, je vois la montagne Derrière laquelle se trouve mon village... J'entends déjà, quel immense bonheur, Le doux soupir de la cloche bien aimée !
Cloche, que dis-tu donc aujourd'hui ? Quelle nouvelle envoies-tu au loin? Les montagnes sous les nuages te répondent, Et renvoient ton message jusqu'au ciel.
Le travailleur des champs, le berger de la montagne, La fillette qui va sur le chemin de la fontaine, Ayant entendu, cloche, ta voix sereine Se sont mis à prier la Mère des Cieux
Moi aussi, je prie la Vierge Marie, Guide des enfants perdus dans la campagne, Qu'elle obtienne, de grâce, pour moi, la faveur De trouver aujourd'hui mon village en liesse
J'ai laissé les montagnes loin derrière ; Je vois déjà mon village tout près ; Qu'as-tu, mon cour, à bondir ainsi en moi ? Me lâcheras-tu à notre arrivé au pays ?
Salut ! Salut, mon village ! Salut pays qui m'a vu naître ! Salut ! Lieu bien aimé de ma jeunesse ! Dieu ayant entendu la voix d'un enfant, Cet enfant aujourd'hui est venu près de toi.
En t'écartant de la route, par le flanc de la montagne Tel un ruban qui glisse le long de la côte, Tu descends, sentier, tout droit vers la vallée Mène-moi, sans détour, auprès des miens.
Chêne du bord du chemin, que de fois dans mon enfance, Le dimanche en revenant de la messe à la maison, Oui ! Que de fois me suis-je assis, auprès de ma mère, À l'ombre de tes longues branches !
Et toi, aubépine du fond du jardin, Tu gardes toujours le lieu de mon enfance, Pourquoi, comme toi, branche pure, Ne puis-je passer ma vie là où je suis né ?
Mais une larme coule de mes yeux Mon cour déborde de joie... J'entends déjà la voix de ceux de ma maison... Dieu, je vous rends grâce !
Cloche, la peine envahit à nouveau mon cour, La peine que chacun ressent en s'éloignant du pays ; Comme c'est toi qui as sonné, pour moi, la première heure, J'espère que tu en sonneras aussi la dernière.
Traduction: Peio Heguy Version originale: AGUR HERRIARI
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