Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Photos de Josiane
Photos de Josiane
Newsletter
Archives
Photos de Josiane
3 août 2015

UHART MIXE 5

L'ISOLEMENT


Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante :
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend. 

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières ?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire,
Je ne demande rien à l'immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi,
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Alphonse de Lamartine (1790-1869)

13072015-EO5A1168

 

13072015-EO5A1169

 

13072015-EO5A1172

 

13072015-EO5A1176

 

13072015-EO5A1177

 

14072015-EO5A1192

 

 


Publicité
Commentaires
M
Ce sont de jolis paysages qui accompagnent le célèbre poème :)
Répondre
E
Bonjour Josiane , une superbe région qui donne l'envie de s'y promener ! . Je connais mal la région des Pyrénées car nous restons trop sur la côte . La canicule est prévue alors il va falloir rester chez soi après 13h ! . Bonne journée malgré tout , je t'embrasse , escapade ,
Répondre
M
un grand rêveur Lamartine mais lorsque l'on voit ces belles photos, on ne peut que le comprendre....
Répondre
C
Je suis si contente de te retrouver ma chère Josiane . <br /> <br /> Ce poème est un peu triste mais si vrai : " Un seul être vous manque et tout est dépeuplé "<br /> <br /> Les paysages que je vois me changent beaucoup des miens , ils sont bien beaux , j'aimerais bien me promener là et avec toi !<br /> <br /> Je t'embrasse bien fort , passe une bonne soirée
Répondre
L
C'est magnifique
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité